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DE CHAMFORT. ^5^

��cependant Patru, philosophe quoique avocat, faisait sa johe fable cV^w/Zc»//, qui , après avoir rompu une des cordes de sa lyre , y substitua un fil d'or : le dieu s'aperçut que la lyre n'y gagnait pas ; il y remit une corde vulgaire , et l'instrument redevint la lyre d'Apollon.

Cette idée de Patru était celle des premiers académiciens , qui tous regrettaient le temps qu'ils appelaient leur âge d'or ; ce temps où , in- connus et volontairement assemblés , ils se com- muniquaient leurs pensées, leurs ouvrages et leurs projets , dans la simplicité d'un commerce vraiment philosophique et littéraire. Ces regrets subsistèrent pendant toute la vie de ces premiers fondateurs , et même dans le plus grand éclat de l'académie française. N'en soyons pas surpris : c'est qu'ils étaient alors ce qu'ils devaient être, des hommes libres, librement réunis pour s'é- clairer: avantages qu'ils ne retrouvaient pas dans une association plus brillante.

C'est pourtant de cet éclat que les partisans de l'académie ( ils sont en petit nombre ) tirent les argumens qu'ils rebattent pour sa défense. Tous leurs sophismes roulent sur une seule sup- position. Ils commencent par admettre que la gloire de tous les écrivains célèbres du siècle de Louis xiv, honorés du titre d'académiciens, for- me la splendeur académique et le patrimoine de l'académie. En partant de cette supposition , voici comme ils raisonnent : Un écrivain célèbre a été

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