Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/255

Cette page n’a pas encore été corrigée

DT. CHAMFORT. a3ï

la superstition , faisait attendre aux peuples , de moment en moment , la fin du monde dont ce cahos était l'image. Dans cet instant , s'élève une institution qtii , réunissant une nombreuse classe d'hommes armés et puissans , les associe contre les destructeurs de la société générale, et les lie., entre eux du moins , par tous les nœuds de la politique, de la morale et de la religion; de la re- ligion même dont elle empruntait les rites les plus augustes , les emblèmes les plus sacrés , enfin tout ce saint appareil qui parle aux yeux , frap- pant ainsi à la fois l'âme, l'esprit et les sens , et s'emparant de l'homme par toutes ses facultés.

Sous ce point de vue, quoi de plus imposant , de plus respectable même que la chevalerie ? Combattre , mourir, s'il le fallait, pour son Dieu, pour son souverain , pour ses frères d'armes , pour le service des dames : car , dans l'institution mén:ie, elles n'occupent, contre l'opinion com- mune, que la quatrième place; et le changement, soit abus, soit réforme , qui les mit immédiate- ment après Dieu, fut sans doute l'ouvrage des chevaliers français. Enfin secourir les opprimés , les orphelins , les faibles, tel fut l'ordre des de- voirs de tout chevalier. Et que dire encore de cette autre idée si noble, si grande , ou créée ou adoptée par la chevalerie, de cet honneur indé- pendant des rois , en leur vouant fidélité; de cet honneur , puissance du faible , trésor de l'homme dépouillé ; de cet honneur , ce sentiment de soi

�� �