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d'un grand onnagc , et st-mhlaient manquer de ccffe inipoi tnncc qui frappait Louis xiv; des contes un pen libres, dont on avait le souvenir dans une cour qui commençait à devenir dévote : toutes ces circonstances s'étaient réunies contre La Fontaine , et l'avaient fait négliger. Il songeait à passer en Angleterre ; il apprenait même la langue anglaise , lorsque les bienfaits de M. le duc de Bourgogne le retinrent en France , et sauvèrent à sa vieillesse les désagrémens de ce voyage.

Il faut pardonner à un vieillard déjà accablé de peines et d'infir- mités, le ton faible et le style languissant de cette épitre dédicatoire ; il faut même s'étonner de retrouver dans plusieurs des fables de ce douzième livre, une partie de son talent poétique , et, dans quelques-unes , des morceaux où ce talent brille de tout son éclat.

��V. I. Prince , l'unique objet du soin des immorlels ...

Pourquoi V unique P La Fontaine fait mieux parler les animaux qu'il ne parle lui-même. Voyez , dans ce livre douzième , dédié à ce même duc de Bourgogne , la fable de YEIcphant et du Singe de Jupiter. Elle a pour objet d'établir que les petits et les grands sont égaux aux yeux des immortels. Je n'accuserai point ici La Fontaine d'une flatterie malheureusement autorisée par trop d'exemples. J'observerai seulement que, tant que les écri- vains, soit en vers, soit en prose, mettront, d:\nsleursdedicaces, des idées ou des sentimens contraires à la morale énoncée dans leurs livres, les princes croiront toujours que la dédicace a raison et que le livre a tort ; que, dans l'une, l'auteur parle sérieusement , comme il convient ; et dans l'autre , qu'il se joue de son esprit et de son imagination ; enfin qu'il faut lui pardonner sa morale , qui n'est qu'une fintaisie de poète , un jeu d'auteur.

\. 10. Il ne tieul pas à lui. .

M. le daupliin , qu'on a]i[)elait monseigneur , père du diu" de Bourgogne , commandait l'armée d'Allemagne , et avait , sous ses ordres , et pour conseil , MM. les maréchaux de Duras, de Boufilers et d'Humièrcs,

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