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DE CHAMFORT. 1^7

V. 162 Je vois l'outil

Obéir à la main : mais la main , qui la guido, ? Eh ! qui guide les cieux , et leur course rapide?

Ce mouvement' est très-vif, très-noble , et ne déparerait pas un ou- vrage d'un plus grand genre.

Vient ensuite l'histoire des deux rats et de Fœuf , après laquelle La Fontaine oublie qu'il est cartésien et s'écrie :

V. 197. Qu'on m'aille soutenir , après un tel récit , Que les bêles n'ont point d'esprit !

Le reste n'est qu'une suite de raisonnemens creux où La Fontaine a cru s'entendre , ce qui était absolument impossible. S'entendait-il , par exemple , en disant :

V. 20-. Je subtiliserais un morceau de matière , Que l'on ne pourrait plus, etc. . . .

On voit que cette pièce manque entièrement d'ensemble et mt*n)e d'objet. Ce sont trois fables qui prouvent l'intelligence des animaux; et ces fables se trouvent entre-coupées de raisonnemens , dont le but est de prouver qu'elles n'en ont pas. La Fontaine pèche ici contre la première des lègles, l'unité de dessein. L'auteur paraît l'avoir senti , et cherche à prendre un parti mitoyen entre les deux systèmes ; mais les raisonnemens où il s'embarque, sont entièrement inintelligibles. • .

��V. }. Un homme vit une couleiivie.

Après la pièce précédente , si confuse et si embrouillée , voici une fable remarquable par l'unité , la simplicité et l'évidence de son ré- sultat. A la vérité, il n'est pas de la dernière importance, puisqu'il se réduit à faire voir la dureté de l'empire que l'homme exerce sur les animaux et sur toute la nature ; mais c'est quelque chose de l'arrêter un moment sur cette idée ; et La Fontaine a d'ailleurs su répandre tant de beautés de détail sur le fond de cet Apologue , qu'il est presque au niveau des meilleurs et des plus célèbres.

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