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Et puis tout d’un coup l’amour-propre lui fait prendre le style le plus pompeux et le plus poétique.

V. 8. Cependant que mon front, au Caucase pareil,
V. 8. Non content, etc.

Puis vient le tour de la pitié qui protège, et d’un orgueil mêlé de bonté.

V. 12. Encor si vous naissiez à l’abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage.

Enfin il finit par s’arrêter sur l’idée la plus affligeante pour le roseau, et la plus flatteuse pour lui-même.

V. 18. La nature envers vous m’a semblé bien injuste.

Le roseau, dans sa réponse, rend d’abord justice à la bonté du cœur que le chêne a montrée. En effet, il n’a pas été trop impertinent, et il a rendu aimable le sentiment de sa supériorité. Enfin le roseau refuse sa protection, sans orgueil, seulement parce qu’il n’en a pas besoin.

V. 22. Je plie et ne romps pas.

Arrive le dénouement ; La Fontaine décrit l’orage avec la pompe de style que le chêne a employée en parlant de lui-même.

V. 27 Le plus terrible des enfans
Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs.
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V. 30. Le vent redouble ses efforts,
V. 30. Et fait si bien qu’il déracine
Celui de qui la tête au ciel était voisine,
Et dont les pieds touchaient à l’empire des morts.

Remarquez que La Fontaine ne s’amuse pas plus à moraliser à la fin de sa fable qu’au commencement. La morale est toute entière dans le récit du fait. Cet Apologue est non-seulement le meilleur de ce premier livre, mais il n’y en a peut-être pas de plus achevé dans La Fontaine. Si l’on considère qu’il n’y a pas un mot de trop, pas un terme impropre, pas une négligence ; que dans l’espace de trente