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Pourquoi ne vas-tu pas m’en chercher… ?
Elle coule en torrents à tes pieds, là, par terre… »


Le père se sent envahir, lui aussi, par cette horrible hallucination :

 
Il éclate de rire et se lève éperdu,
Il voit comme Gislar une source d’eau claire
Qui coule à gros bouillons près de lui sur la terre ;
Il n’a qu’à s’approcher, à prendre ; alors, rampant
Sur sa lèvre brûlante, ainsi qu’un noir serpent,
Il cherche à rattraper cette onde transparente
Dont avide il entend la chanson enivrante ;
Il l’atteint, il y trempe avec ardeur ses doigts…
Gislar est sauve enfin : « Tiens, ma fille, tiens, bois ! »
Et le sable brûlant coule sur la figure
De l’enfant, qui répond par un vague murmure;
Et le père revient à lui, se maudissant.


Enfin, une caravane qui passe les recueille. Trois jours après, poursuivant leur voyage, Gislar et son père découvrent, enfouis dans les flots de sable, les cadavres de leurs compagnons, que le simoun a surpris, comme si le ciel avait voulu les punir d’avoir abandonné leurs frères.