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Tel est le premier acte de ce petit drame. – La nuit est venue. Soudain un cri sinistre s’élève : le vaisseau brûle ! On met les chaloupes à la mer ; les passagers s’y précipitent ; il ne reste plus qu’une place dans un des canots ; mais deux passagers sont demeurés sur le navire, la petite fille, que sa mère appelle en vain, et l’idiot. Celui-ci apparaît sur le pont du vaisseau embrasé :


 
.....Dans ses bras il tient, léger fardeau,
Une enfant qu’on croirait doucement endormie…
Il vient de la trouver presque morte de peur
Sur le pont plein d’une âcre et pesante vapeur.
Il glisse maintenant le long du bastingage
Avec l’agilité d’un animal sauvage ;
Il atteint la chaloupe et veut y pénétrer.
Mais il n’est qu’une place ; un des deux peut entrer,
L’autre… Le fou s’arrête un instant ; il regarde
Le canot que remplit une foule hagarde,
Puis la mer, où le feu trace un reflet changeant :
Il a compris, il sait, sublime intelligent,
Que lui doit succomber afin que l’enfant vive…
Et d’un mouvement brusque il la pose craintive
À la place qui reste… Il est temps : le bateau