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qu’on y insiste. Elle a, littérairement et humainement parlant, plus donné qu’elle n’a reçu ou pour mieux dire, elle recevait, non des hommes, mais de plus haut, par cette intuition supérieure qui, dans un autre domaine, s’appelle la foi et qui est la « démonstration des choses qu’on ne voit point ». J’ai vu sa bibliothèque : elle était fort mince. Bien qu’Alice de Chambrier fût ce qu’on nomme une personne instruite, ses lectures n’étaient pas étendues. Quelques livres d’histoire, quelques revues, trois ou quatre volumes de Victor Hugo, particulièrement la Légende des siècles… voilà tout. Aussi n’a-t-elle, à proprement parler, imité personne dans ses vers ; elle s’y montre elle-même ; il est rare qu’on y trouve ces empreintes facilement reconnaissables et ces réminiscences qui trahissent chez les débutants le commerce des maîtres préférés. Sa poésie, avec sa pensée naïvement hardie et la fermeté large et parfois superbe de sa forme, est bien à elle et ne rappelle distinctement, soit par ses défauts, soit par ses quali-