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racher à ses occupations ; retenue quatre mois dans sa chambre à la suite d’une blessure qu’elle s’était faite au talon dans une course alpestre, elle se trouvait si heureuse de pouvoir composer à son aise, qu’elle eût voulu, disait-elle, arrêter le temps qui s’écoulait trop vite. Elle semblait écrire à la tâche, comme si elle eût pressenti que le soir viendrait tôt pour elle, qu’elle entrerait jeune encore en cette nuit dont parle l’Écriture, « dans laquelle personne ne peut travailler », et l’on eût dit qu’elle se hâtait d’exprimer, tandis que Dieu lui en donnait le temps, tout ce qu’elle portait en elle de pensées élevées ou hardies, de sentiments délicats et tendres, de rêves généreux et de vivantes espérances. Travaillons, car demain nous mourrons ! Que quelque chose de nous demeure à ceux que nous avons aimés et que notre départ va rendre inconsolables !…

Cette pensée, elle l’a eue, cela n’est point douteux, et nous en verrons plus loin de nombreux témoignages. Dans le carnet de poche