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La montagne était pleine d’ombre ;
J’ai dit : « Fuyons dans l’infini,
Loin de la terre grave et sombre,
Dans l’espace jamais terni ! »

Les espaces bleus étaient mornes,
Il n’y dansait point de rayons ;
En vain j’allai jusques aux bornes
Des insondables régions :

Je n’y trouvai point de lumière,
Le soleil semblait s’être éteint,
Les astres se cachaient derrière
Un brouillard pesant et lointain.

Mais après cet effort suprême,
L’âme lassée et sans vigueur,
Je dus m’avouer à moi-même
Que la nuit était dans mon cœur.


Chaumont, 10 juillet 1882.