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Il me semble parfois qu’il m’appelle vers lui,
Et mon être ressent mille étranges envies :
Je voudrais m’élancer hors des routes suivies,
Jusqu’à cette clarté qui rayonne et qui luit.

Je laisse aller mon cœur au gré de mes pensées,
Et mille visions, aussitôt effacées,
S’en viennent tour à tour flotter devant mes yeux.
… C’est une jeune fille avec des tresses blondes,
Avec de grands yeux bleus pleins de clartés profondes,
Si sereins et si purs qu’ils font songer aux cieux.

Pensive et diligente, elle coud sans relâche,
Elle veut achever, le soir même, sa tâche ;
Mais parfois ses regards s’en vont, doux et brillants,
Vers le large fauteuil où son aïeul sommeille,
Et la lampe répand une clarté vermeille
Sur ce front de vieillard aux nobles cheveux blancs.

Ou bien c’est un joyeux berger des pâturages
Qui, pour se reposer de ses rudes ouvrages,
Vient trouver sa promise et près d’elle s’assied ;
Il est robuste et fort, elle est active et belle,