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accablé d’occupations. Vous m’avez, avec une rare délicatesse, dispensé de vous répondre, mais j’ai lu les poésies de Mlle Alice de Chambrier que vous m’avez communiquées, et je ne saurais retenir l’expression de mon étonnement.

Il est inconcevable qu’une jeune fille morte à vingt et un ans ait pu, en l’espace de cinq ans, produire tant d’ouvrages différents et des poésies si originales.

La facture de ses vers n’est pas molle et banale comme l’est habituellement la versification des jeunes filles. La distinction singulière de ses pensées et de ses sentiments s’est communiquée à son style par un don naturel d’appropriation des mots aux choses, du mouvement de la phrase à l’émotion, qui me surprend vivement.

Le don le plus heureux ne peut dispenser aucun artiste d’acquérir par l’étude et le long usage toutes les ressources de son art. Aussi l’inexpérience est-elle sensible en plusieurs endroits dans les vers de Mlle de Chambrier ; mais il y a de la grâce dans l’inexpérience des poètes d’élite, parce que leur mala-