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Ont un jour de la mort suivi l’appel suprême…
À l’ombre de tes monts, ils se sont endormis ;

Et nul homme ici-bas ne connait plus leur tombe ;
Pour beaucoup le trépas est devenu l’oubli,
Comme la feuille, hélas ! qui se fane et qui tombe
Et que le vent du nord dans l’ombre ensevelit…

Ce qu’ils ont fait pour toi, l’âme calme et sereine,
Le ferions-nous encore, empressés et nombreux,
Sans craindre la souffrance et sans compter la peine,
Comme, aux jours d’autrefois, tous ces fidèles pieux ?

Toi que l’on voit toujours, le front dans la lumière,
Saluant avant tous le soleil au matin,
Et qui restes pensive et grave la dernière
À le voir s’éloigner dans le rouge lointain,

Ah ! donne-nous des cœurs aussi grands que tes cimes,
Aussi purs que la neige au flanc de tes glaciers,
Et fais renaître en nous les dévoûments sublimes,
Les vertus de ces jours par nous trop oubliés !