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Ce tumulte qui croît, ces accents qui résonnent,
C’est l’arrêt qui les jette à la mort !… Mavali
Ouvre les yeux tout grands et s’assied sur son lit ;
Le bruit ne cesse pas, la voix devient plus claire.
L’œil sinistre, le front plissé par la colère,
Le roi prête l’oreille, et d’une forte voix :
« Qui donc m’a réveillé ? » demande-t-il trois fois,
« Je rêvais de succès, de plaisirs et de fête,
Qui donc m’a réveillé ? » Tous inclinent la tête
Et se taisent. Le roi sourit avec dédain,
Puis il fait aux bourreaux un signe de la main.

Mais dans ce même instant pénètre dans la salle
Un brahme, nain affreux, hâve, le manteau sale,
Haut de trois pieds à peine. Il vient devant le roi,
Le salue et lui dit : « Ô prince, écoute-moi !
Laisse à ces malheureux dont le regard t’implore
Le plaisir envié de te servir encore,
Et daigne m’assister pour un vœu que j’ai fait. »
Mavali l’écoutait courroucé, stupéfait.
Le brahme nain reprit : « La faim et la misère,
Prince, sont mes seuls biens ; je veux trois pas de terre
Pour y bâtir moi-même un ermitage. » — « Quoi !
Mais pour un avorton faible et laid comme toi,