Page:Chambre des députés, session 1840-1841, séance du 25 janvier, paru dans le Moniteur universel du 26 janvier 1841.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Soyez tranquilles, messieurs, sur les fortifications de Paris, comme je le suis sur les élections, comme je le suis sur la garde nationale ; elles seront défendues, elles seront possédées par ce même esprit de conservation et de paix, qui, depuis dix ans, à travers toutes nos luttes, a prévalu dans toute notre histoire, et qui fait notre gloire, comme notre sûreté. (Mouvement prolongé d’assentiment.)

(Une longue agitation succède à ce discours, pendant laquelle la séance reste suspendue. — L’orateur attend à la tribune que le silence se rétablisse.)

M. LE PRÉSIDENT. L’orateur demande à être entendu. J’invite la chambre au silence.

M. GARNIER-PAGÈS. Avant de descendre de cette tribune, M. le ministre des affaires étrangères a prononcé des paroles que je ne puis ni ne dois accepter. Lorsque, de ma place, j’avais déclaré que j’appartenais aux partis extrêmes qu’il combattait dans son discours, j’ai entendu avec douleur, et j’ai besoin de repousser ce qu’il a dit : que les honnêtes gens viendraient à bout des partis extrêmes et triompheraient des brouillons.

Ces honnêtes gens, monsieur le ministre, ce sont ceux qui, dans la garde nationale, comme vous l’avez dit, dans les élections, à cette tribune, viennent dire et soutenir ce qu’ils pensent, viennent le dire et le soutenir sans intérêt personnel. (Très-bien !) Ces brouillons sont ceux qui trouvent mauvais, quand ils sont dans l’opposition, ce qu’ils ont trouvé bon quand ils étaient au pouvoir.

Voix aux extrémités. Très-bien ! très-bien !

M. GARNIER-PAGÈS. Je le disais de nouveau, c’est avec douleur que j’ai vu que c’était précisément dans l’exercice régulier de nos institutions qu’on allait chercher des exemples pour combattre ce qu’on a appelé les partis extrêmes. Félicitez-vous donc que ce que vous appelez les partis extrêmes, c’est-à-dire les hommes fortement convaincus, se mêlent au jeu de vos institutions, et ne les appelez pas à cette bataille dont vous nous avez parlé, et qui, j’espère, n’arrivera pas. (Nouvelle adhésion.)

Vous avez rempli votre mission ; elle avait commencé à l’adresse, elle continue, votre mission de rassurer, non la chambre, mais l’Europe. (Rumeur.)

M. LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES. Tous les deux !

M. GARNIER-PAGÈS. Monsieur le ministre, je ne crois pas, moi, que l’Europe ait besoin d’être rassurée ; je sais très-bien que ce n’est pas contre elle que le projet de loi est présenté, soutenu et fait. Je sais bien que l’effet moral que vous en at-