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STENDHAL 33

« Cet ouvrage, dit fort justement M. Filon, si précieux pour l'intelligence du véritable Beyle et du véritable Mérimée, a été plusieurs fois réimprimé, mais toujours en secret. Personne ne l'a lu, mais tout le monde le connaît, car il n'y a pas une seule ligne de cette singu- lière oraison funèbre qui n'ait été vingt fois citée par les critiques et les historiens de la littérature. On se déci- dera sans doute à la donner au public qui en a vu bien d'autres depuis quelques années et qui ne comprendra guère la pruderie des générations précédentes t . »

Mérimée l'écrivit in memoriam, pour partager avec quelques-uns de ses amis ses impressions et ses souvenirs. Beyle, d'après lui, était, tout en affichant des idées libé- rales « un aristocrate achevé ». Il ne pouvait souffrir les sots, mais il était léger et étourdi quoique prétendant qu' « il faut en tout se guider par la îo-gique. » Il était athée, et Mérimée insiste sur ce point. Il insiste de même sur l'opinion que Beyle « frondeur comme Courier et servile comme Las Cases » avait de Napoléon « parvenu ébloui par les oripeaux », ce qui ne l'empêchait d'ailleurs pas de faire des excès de zèle à Brunswick pour obtenir un éloge de l'empereur, et de se conduire brillamment pen- dant la retraite de Russie.

« Sur l'amour Beyle était encore plus éloquent que sur la guerre », et son ami nous met au courant de ses deux amours-passions. « Je n'ai connu personne qui fût plus

i. M. Despois, dans ses études sur la littérature sous le second Empire, a consacré quelques pages à Mérimée {Revue Bleue du 20 décembre 1873, p. 580-89). On y trouve (p. 584-6) une analyse de H. B. — Cf. aussi c 1 * d'Haussonville, Prosper Mérimée, Hugb Elliot (Paris, 1888), p. 33-38.

Chambon. — P. Mérimée. 3