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reconnu qu'il s'était trompé. Ses amis avaient une telle confiance en lui, que Stapfer ne s'étonna pas de ce chan- gement d'opinion.

Mérimée n'était, du reste, pas le seul à croire à l'inno- cence deLibri: Boissonade, Victor Cousin ', Paulin Paris Paul Lacroix, etc., partageaient son opinion. En Angle- terre, écrivait Mérimée le 15 juillet 1850, les jurisconsultes et les bibliophiles sont convaincus de son innocence 2 , et Panizzi offrait au proscrit une fonction au Brilish Muséum. On était frappé des nombreuses irrégularités de la procé- dure. « Pourquoi, disait Mérimée dans la même lettre, refuser de lui donner connaissance de l'acte d'accusation ? Ou il est voleur, ou il est innocent. Dans le premier cas il faut le signalera toutes les bibliothèques d'Europe; dans le second lui donner les moyens de se justifier. » On était indigné de la manière dont l'affaire avait été engagée. On y voyait, non sans raison, un moyen détourné d'attaquer Guizot; on ne se gênait pas pour blâmer la façon dont les experts comprenaient leur tâche; mais personne n'osait le dire hautement. Mérimée se chargea de dire la vérité — ou ce qu'il croyait l'être — dans la Revue des Deux-Mondes du 15 avril 1852.

1. « Veuillez recevoir l'expression de ma sincère reconnaissance pour l'appui si efficace et si généreux que vous m'avez donné au sein du Con- seil. Vos conseils sont excellens en tout et toujours.., -> (Lettre inédite de Libri à Cousin, Londres, 10 novembre 1849). « Permettez-moi de profiter du voyage de M mc Libri qui se rend à Paris pour vous offrir l'expression de ma reconnaissance et pour vous remercier de toutes les marques d'intérêt que vous m'avez données depuis quatre ans... » (Id., du 30 janvier 1850). Nous reviendrons du reste prochainement sur les relations entre Libri et Cousin, dans nos Correspondants de Victor Cousin.

2. Catalogue de la vente d'autographes du 16 mars 1889, n° 81.