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212 NOTES SUR l'UOSl'KU MÉRIMÉE

Rassuré sur le sort de son ami, Mérimée s'occupait de son discours, Ballanche écrivait à Ampère le 26 no- vembre 1844 : « Mérimée a lu à M. et M mc Lenormant son discours de réception. Ils Font trouvé très bien et court. Ils nous l'ont raconté avec beaucoup d'intérêt, cette première jeunesse toute capricieuse et qui faisait pressentir l'écrivain fantastique au milieu des scènes les plus désolantes de ces temps odieux '. »

Enfin la réception put avoir lieu.

Le discours de Mérimée 2 a toujours été considéré comme assez faible. M. Filon dit même : « Mérimée s'était promis d'être modéré et plat, il s'était tenu parole. 11 avait racheté Arsène Guillot >. » Mais, on vient de le voir par les lettres publiées ci-dessus, il ne devait pas rester grand'-chose de lui, après tous les remaniements, addi- tions, corrections, proposés par H. Royer-Collard. Celui-ci était un esprit cultivé et non sans valeur, mais son style ne peut être comparé à celui de son célèbre ami, et l'on reconnaîtrait sans aucun doute une réelle valeur à l'éloge de Nodier, s'il ne portait pas la signature de Mérimée qui rend les délicats plus difficiles.

Labitte est peut-être celui qui l'a le mieux jugé : « ...On ne peut pas dire que M. Mérimée ait été séduit par son sujet ; il l'a traité avec la plus parfaite et la plus stricte convenance, mais sans s'abandonner un instant aux illusions de la sympathie... Son discours est un mor-

1. A. -M. Ampère et J.-J. Ampère, Correspondance et souvenirs, rec. p. M me H. C, II, 134. — Ayant pu collationner cette lettre sur l'origi- nal, nous avons constaté l'omission de quelques passages.

2. Reproduit dans les Portraits historiques et littéraires, p. 111-145.

3. A. Filon, Mérimée et ses a m is, p. 145-50.