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LA SANTE DE ROYER-COLI.ARD 211

jeter brusquement et avec effort sur l'objet qu'il veut toucher. Il marche péniblement [les genoux fléchis, en s'appuyant sur les tables. Il n'y a pas d'ailleurs d'insen- sibilité dans ses membres, mais plutôt excès de sensibilité; quelquefois, altération de cette sensibilité. Ainsi une sur- face lisse lui fera éprouver la même sensation qu'une surface rugueuse. Il sort tous les jours quelques heures en voiture. La voiture va au pas. Il se plaint cependant du léger mouvement qu'il éprouve. Il compare la sensa- tion qu'il reçoit, lorsqu'il est assis, à celle qu'il sentirait s'il reposait sur des boules dures ou s'il avait des tumeurs dures sur les cuisses.

« J'ai pris la liberté de m'adresser à vous, Monsieur, dans cette triste conjecture, connaissant votre ancienne bienveillance pour moi et l'estime que vous faites d'Hippolyte. Je serais bien heureux si vous jugiez son état remédiable et si vous vouliez bien me faire part de votre opinion sur le traitement à suivre.

« Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de tous mes

sentiments dévoués.

« P r Mérimée. »

Bretonneau ordonna de la belladone, qui procura une grande amélioration. Trousseau écrivait à son maître le

o

9 février 1845 : K cc pauvre Royer-Collard va infini- ment mieux I . »

1. P. Triaire, I, 425. C'est peut-être à cette époque que se rapporte ce billet de Mérimée à H. Royer-Collard : « Mon cher ami, — Nous aurons Saulcy, Courmont, Mareste. — Pinel est en deuil et ne peut venir. L'Haridon s'excuse. Je n'ai pas engagé Malitourne, voyez s'il veut être des nôtres. Lavergne avait envie de dîner avec nous, mais je ne sais si vous le jugez digne. Dites-moi votre avis. Je viendrai vous prendre à 6 heures très précises. T. à v. — P. M. — Jeudi soir. »