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articles du médecin Gasperini, réunis plus tard en volume (1860). Champfleury, lui, sut jeter un regard, merveilleux d’intelligence et de clarté intuitive, dans l’âme même du maître ; sa brochure de quatorze pages : Richard Wagner (1860), vaut, sous forme condensée, toute une bibliothèque. Frédéric Villot, conservateur des musées impériaux, n’a rien écrit sur Wagner ; mais il possédait ses œuvres, poésie et musique, à un degré tellement étonnant, qu’il devint bientôt son confident et son conseiller : c’est à lui qu’est dédié le fameux écrit : La Musique de l’avenir. Nuitter, le librettiste bien connu, fit une excellente traduction du Tannhäuser, en collaboration avec le pauvre Édouard Roche, enlevé si tôt aux lettres.

Et parmi ceux qui figurèrent dans ce cercle d’amis et d’admirateurs, je trouve encore des poètes, comme Auguste Vacquerie et Barbey d’Aurevilly, des artistes, comme Bataille et Morin, des écrivains de talent, comme Léon Leroy et Charles de Lorbac, des hommes politiques comme Emile Ollivier, Jules Ferry et Challemel-Lacour, qui traduisit en français Tristan et Iseidt. Des journalistes de premier rang se firent les champions déterminés de Wagner : Théophile Gautier, Ernest Reyer, Catulle Mendès, et surtout le critique illustre et redouté du Journal des Débats, Jules Janin, qui proposa un nouveau blason pour ces messieurs du Jockey-Club : « Un sifflet sur champ de gueules hurlantes, et pour exergue : Asinus ad lyram »…

Sans doute, il est oiseux d’accumuler des noms : mais il importait de bien marquer ce qui a fait de cet épisode parisien un véritable événement dans la vie de Wagner ; non pas certes les misérables manœuvres d’un Albert Wolff, des frères Lindau, de David, et autres esprits de même ordre, pour faire échouer les