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écrivait : « C’est dans la haine de la comtesse Walewska contre la princesse Metternich que gît, pour moi, le plus grand danger. » Il ajoute plus loin, dans la même lettre : « En tout cas, je n’accepte pas vos premières félicitations sur mes lauriers parisiens. Il y a longtemps déjà que je regrette beaucoup de m’être engagé dans une entreprise semblable, avec toutes les conséquences qui en découlent. »

Quant à la façon dont étaient conduites les études, et à l’heureux contraste qu’il y trouvait avec le laisseraller du théâtre allemand, Wagner s’exprime ainsi : « Chaque acquisition était faite, sans égard pour ce qu’elle pouvait coûter, pour peu que j’en exprimasse le désir ; et la mise en scène était préparée avec un soin minutieux, tel que, jusque-là, je n’en avais pas même eu l’idée. » Plus loin, il loue « la sollicitude, inconnue chez nous, avec laquelle les répétitions de chant furent conduites », et « la beauté insurpassable avec laquelle fut chanté et rendu sur la scène le chœur des pèlerins ». Il attribue enfin au public parisien « une très grande réceptivité, et un sentiment de la justice vraiment généreux[1]. »

Si donc Wagner reconnaît que son séjour à Paris « ne lui a laissé, en somme, que des souvenirs encourageants », c’est parce que ce fut là que, pour la première fois de sa vie, il se vit apprécier à sa valeur. Encore aujourd’hui, le poète Richard Wagner trouve, dans sa patrie, trop de gens qui, par suite d’un préjugé absurde, ne veulent voir en lui « qu’un simple musicien » ; ceux qui n’ont pas de prétentions musicales ne

  1. On trouvera un compte-rendu des cent soixante-quatre répétitions de Tannhäuser dans une étude de M. Ch. Nuitter, archiviste de l’Opéra, publiée dans les Bayreuther Blätter de 1884.