Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


4. — 1842-1849.


Lorsque Wagner était parti pour l’étranger, il avait espéré que, de là, il pourrait agir sur l’Allemagne avec plus de succès, et il ne s’était pas trompé ; cette espérance là, au moins, se réalisa. Rienzi, envoyé de Paris, fut accepté par la direction du Théâtre Royal de Dresde, qui l’eût dédaigné si sa partition avait porté le timbre de Magdebourg ou de Riga. Même ce conte absurde et ridicule, que Wagner était « élève de Meyerbeer », ne lui fut pas inutile. Mais surtout un honnête homme, aussi distingué que compétent, sut, par une parole décisive, assurer l’exécution de l’œuvre de Wagner : l’excellent directeur des chœurs, Fischer, est l’un des premiers qui ait deviné son génie.

En 1842, Wagner quitta Paris pour Dresde, afin d’y préparer l’exécution de son œuvre. Cette exécution, pour toutes sortes de raisons, fut ajournée jusqu’en octobre ; encore n’aurait-elle pas eu lieu, même alors, sans l’indomptable énergie de l’auteur. Enfin le grand jour arriva, et, le 20 octobre 1842, on donna, pour la première fois, un opéra de Richard Wagner : car on ne saurait guère compter la représentation de la Défense d’aimer à Magdebourg. Le maître était alors dans sa trentième année. Le succès fut immense, et l’enthousiasme des spectateurs sans précédent dans les annales du Théâtre de Dresde ; de Leipzig même, les connaisseurs vinrent assister et applaudir aux représentations qui suivirent ; du coup, Wagner était devenu célèbre.

Ce fut bientôt le tour du Vaisseau Fantôme d’être mis à l’étude : on le représenta le 3 janvier 1843. Il fut l’occasion d’un nouveau succès, d’un vrai