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allemands, il faut noter un trait qui les honore, un trait de fidélité et de foi ; bien peu se détachèrent de Bayreuth. Ce qui resterait à dire rentre à peine dans une histoire de la vie de Wagner ; il faut pourtant y reconnaître la conséquence directe de ses volontés expresses. Dans le projet d’une école de Bayreuth (1877), il avait prévu la représentation de ses œuvres plus anciennes, et plus tard, quand ce plan fut resté inexécuté et que les Festspiele ne purent compter, en première ligne, que sur l’attrait de Parsifal, Wagner annonça l’intention de « donner annuellement, après Parsifal, une de ses œuvres précédentes ». Et si cela a pu avoir lieu, en dépit de la mort du maître, nous le devons à la femme, admirable que presque vingt ans passés aux côtés du maître avaient initiée à toutes ses intentions bien plus complètement que toute autre personne. On mesurerait difficilement la part qu’elle eut à la réalisation de l’œuvre de Bayreuth puisque toute son activité propre ne fait qu’un avec celle de son mari. Il serait impie de vouloir distinguer, car ici il fallait une volonté qui commandât et une volonté qui se soumît librement.

Plus profondément que tout autre cœur, ce cœur-là conservait, embaumé en lui, l’héritage sacré, et cette intelligence, plus que toute autre, était capable de doter ce patrimoine, comme dit Wagner, « d’aliments nouveaux », de n’en pas faire une idole, mais quelque chose de vivant, de susceptible de croître et de porter des fleurs de vie. Ainsi et par là, non seulement Parsifal fut sauvé, mais Tristan et Iseult, les Maîtres Chanteurs, Tannhäuser et Lohengrin furent successivement représentés[1]. Ces deux dernières œuvres

  1. Voici l’émunération des Festspiele jusqu’en 1896 : 1.1876, l’Anneau du Nibelung ; 2.1882, Parsifal ; 3.1883, Parsifal ; 4.1884, Parsifal ; 5.1886, Parsifal ; Tristan et lseult ; 6.1888, Parsifal ; Tristan et lseult ; Les Maîtres Chanteurs ; 7.1889, id. 8.1891, Parsifal ; Tristan et lseult ; Tannhäuser, 9.1892 ; Parsifal ; Tristan et lseult ; Les Maîtres Chanteurs ; Tannhäuser ; 10.1894, Parsifal, Tannhäuser ; Lohengrin ; 11.1896, Parsifal, l’Anneau du Nibelung ; 12.1897, Parsifal, l’Anneau du Nibelung