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et des chefs d’orchestre pour l’exécution parfaite des œuvres de style vraiment allemand ». Ce que l’art allemand a ainsi perdu est incalculable. Pendant six ans, les forces de cet homme unique demeurèrent oisives et inutiles pour le développement de l’art scénique allemand ; ce ne fut que quelques mois avant sa mort qu’il put mettre à la scène son œuvre dernière, Parsifal… Voilà ce qu’ont fait les reporters des Festspiele de 1876 ; et c’est pourquoi, dans une histoire de ces derniers, il fallait bien parler d’eux !

Des Festspiele même de 1876, le maître, dans son Coup d’œil rétrospectif, a dit tout ce qu’il y avait à dire ; j’y renvoie le lecteur. Je n’en veux citer que quelques lignes, celles où Wagner caractérise la part de mérite qui revient aux artistes exécutants : « Quand je me pose sérieusement la question de savoir quels sont ceux dont le concours m’a permis d’ériger, sur la colline de Bayreuth, une vaste salle de spectacle, complète et conforme à mes propres idées, telle qu’il serait impossible à tout le monde théâtral moderne de vouloir l’imiter ; quand je me demande comment j’ai pu y grouper autour de moi les meilleures forces dramatiques et musicales, pour s’y vouer à une tâche artistique absolument nouvelle, difficile, ardue, et pour la résoudre victorieusement à leur propre étonnement, je ne puis ne pas mentionner en première ligne les artistes exécutants : ce fut bien leur concours empressé et sincère qui, promis par eux dès le début, rendit possible à mes autres amis, si peu nombreux en dehors de la profession, de s’employer à la réunion des moyens matériels nécessaires à l’entreprise ! » Bien souvent, le maître s’est exprimé de même, et à l’occasion d’un banquet, en 1882, le mois même de Parsifal, il a déclaré solennellement, une dernière fois encore, que « son