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tous les exécutants durent s’engager pour trois mois pleins : les répétitions commencèrent le 1er juin et durèrent jusqu’au 7 août ; les trois représentations du cycle eurent lieu du 13 au 30. En vérité, les répétitions, à Bayreuth, furent toujours le plus beau moment, car alors Wagner n’avait autour de lui que ceux qui prenaient le succès à cœur, qui s’initiaient, jour par jour, par une étude approfondie, et grâce aux instructions quotidiennes du puissant créateur de l’œuvre, aux splendeurs de celle-ci : en un mot, les artistes seuls ; puis aussi les quelques vrais et fidèles amis de sa cause. Déjà lors des répétitions préliminaires de 1865, quand il n’y avait de prêts qu’une partie des décors, et que beaucoup manquait encore à l’organisation de la salle, l’enthousiasme était indescriptible. En 1876, il ne fit que croître d’une répétition à l’autre, et on pourrait considérer celles qui eurent lieu du 6 au 9 août comme le véritable Festspiele. Comme le raconte Glasenapp : «  qu’on allât, on ne rencontrait que gens ravis en extase, qui semblaient vivre dans le monde merveilleux de l’idéal ». Et ce qui acheva la consécration spéciale de cette répétition générale, ce fut la présence du roi Louis II, du « cocréateur de Bayreuth », comme l’appelait Wagner. Mais c’était avec raison que le roi, dès le soir du 9, était reparti pour Hohenschwangau. Ce fut le 13 août que commença le premier Buehnenfestspiel, mais non, malheureusement, comme l’avait toujours désiré le maître, « entre nous », c’est-à-dire en présence de tous ceux qui prenaient l’art allemand au sérieux, qui étaient capables et désireux de « collaborer à la création » de son œuvre, de recevoir ce qu’il leur offrait dans le même esprit qu’il le leur offrait, entouré de l’élite des plus grands artistes de l’Allemagne, lui, le grand