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mais je t’assure que d’atteindre à ce but est désormais l’espoir de ma vie, la seule raison que j’aie de m’attaquer à quelque œuvre d’art ». Telle est l’idée des Festspiele dans toute sa pureté, telle qu’elle apparaissait au génie, avant de devoir abandonner une part de ses exigences idéales au contact de la réalité et des mille compromis qu’elle entraîne à sa suite.

Ce projet, Wagner lui donna pour la première fois la publicité dans la Communication à mes amis, de décembre 1851 : « Je pense, dans une fête instituée à cet effet, représenter tôt ou tard, en quatre soirées, dont une préliminaire, ces trois drames et leur prologue. Je croirai avoir atteint complètement le but de cette représentation si j’obtiens chez les artistes, mes collaborateurs, c’est-à-dire chez les acteurs, et pendant ces trois soirées, chez mes spectateurs, réunis pour apprendre à connaître mon dessein artistique, une compréhension réelle, non critique, mais vraiment morale et sympathique de ce dessein. Toute conséquence ultérieure m’est aussi indifférente qu’elle doit me sembler superflue ». On voit comment cette idée, qui courait en quelque sorte, dans le sang même de Wagner, s’unit de plus en plus avec ce projet, nettement défini, d’une représentation de l’Anneau. Érection d’un Festspielhaus en vue de ce seul but ; après des préparations longues et minutieuses, célébration d’une seule fête, indépendamment de toute visée industrielle : tels étaient, alors déjà, les principes fondamentaux de l’idée des Festspiele, et c’est exactement d’après ces mêmes principes que fut construit le théâtre de Bayreuth. Mais même certains corollaires accessoires, par exemple cette pensée qu’il fallait chercher exclusivement dans une petite ville, non dans une grande, le terrain propre à l’érection