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du drame : car c’est la douleur, très réelle et très physique, que l’embrassement de Kundry cause à Parsifal, c’est cette douleur qui évoque subitement devant ses yeux l’image d’Amfortas souffrant, et cette douleur, un innocent, « un pur simple », pouvait seul l’éprouver, et non point un homme expérimenté.

La violence de cette douleur que ressent Parsifal, l’énergie indomptable avec laquelle, au mépris de toutes les tentations qui le guettent, il fuit loin du « désir criminel » nous garantissent non seulement sa pureté, mais sa grande force physique et la puissance inflexible de sa volonté ! Comme chez tous les héros d’action, les résolutions, chez Parsifal, sont toujours soudaines, prises en connaissance de cause et poursuivies jusqu’à leurs dernières conséquences ; il ne peut atteindre le but assez vite : à peine, dans le premier acte, a-t-il blessé le cygne et crié avec orgueil : « C’est en plein vol que je frappe ce qui a des ailes », qu’il brise son arc et jette ses flèches loin de lui ; à peine a-t-il posé sa tête confiante sur les genoux de Kundry et reçu le baiser de ses lèvres, qu’il la repousse « violemment » et s’écrie à voix haute et forte : « Corruptrice, éloigne toi de moi ! » Si on veut donc, à toute force, trouver ici du bouddhisme, cela ne peut être qu’en ce sens, que les quatre premières règles de la « sainte vérité sur la voie de l’affranchissement de la souffrance », sont, d’après le Buddha : « une foi vraie, une résolution droite, des paroles justes et des actions irréprochables. »

Celui qui tiendrait à s’en remettre à un guide pour étudier la manière remarquable, absolument nouvelle dans l’histoire du drame, dont l’action est menée dans Parsifal, peut consulter mon Drame wagnérien, où j’ai traité ce sujet si longuement que je n’ai pas ici