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les compare avec l’action une, d’une simplicité confinant à l’austérité, qui est celle du drame de Wagner !

En décembre 1854, Wagner écrivait à Liszt : « Puisque, après tout, je n’ai jamais, en ma vie, connu le véritable bonheur de l’amour, je veux élever à ce plus beau des rêves un monument où, du commencement à la fin, cet amour s’assouvira en toute plénitude : j’ai dans la tête un projet de Tristan et Iseult, la conception la plus simple, mais la plus franchement et absolument musicale. Dans le noir pavillon, qui flotte à la fin, je veux alors m’envelopper, pour mourir ». La soif d’amour et de mort qui le brûlait lui-même : voilà la source du Tristan et Iseult de Wagner. « Les anciens déjà ont mis, dans la main d’Eros, comme du Génie de la mort, un flambeau abaissé, » disait le maître à un ami après lui avoir joué quelques morceaux de son Tristan. Il ne saurait échapper à personne, quel rôle joue, dans les œuvres de Wagner, cet appétit de mort. Dans le Vaisseau Fantôme, le Hollandais n’a qu’une prière :

« Néant éternel, absorbe-moi ! »

Tannhäuser s’échappe des bras de la déesse d’amour : « Mon désir me pousse au combat, non point au plaisir et à la volupté ; — Comprends-le bien, déesse, — Il me pousse à la mort ! » Et Wotan s’écrie :

Il n’est plus, pour moi, qu’une seule chose :
La fin ! La fin !

Ce même cri, sous des expressions diverses toujours