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beaucoup d’œuvres, Lohengrin, par exemple, ont vécu des années dans l’imagination de l’auteur ; et personne ne saurait, dans l’enchevêtrement des influences et des motifs, démêler celui qui détermina l’apparition de ce drame, écrit en 1847. Il n’est pas même facile de distinguer nettement les effets des causes. Ainsi on pourrait chercher dans Rienzi l’influence directe de l’atmosphère parisienne, spécialement du Grand-Opéra : et pourtant Rienzi était déjà à moitié terminé, quand Wagner arriva à Paris pour la première fois.

Bien plus, dans la deuxième et dernière phase de la vie du maître, de semblables rapprochements pourraient être une source sérieuse d’erreurs. Si l’on n’en voulait croire que la série des dates où il mit la dernière main à ses grands drames, Tristan et Iseult se rattacherait à la première période, les Maîtres-Chanteurs à la seconde, l’Anneau du Nibelung à la troisième, et Parsifal à la quatrième, tandis qu’en réalité la genèse de ces diverses œuvres s’étendit à travers une longue série d’années, pour les Maîtres-Chanteurs de 1845 à 1867, pour l’Anneau du Nibelung de 1848 à 1874, et pour Parsifal de 1854 à 1882 ; Tristan et Iseult est la seule œuvre qui ne dépasse pas les limites d’une des périodes susmentionnées (1854-1859).

Qu’on ne prenne donc mon tableau que pour ce qu’il vaut et pour ce qu’il est : un moyen commode de résumer la vie du maître et d’en fixer dans la mémoire les principaux moments.