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entier fredonne, en les accompagnant, les paroles dont il ne saisit le sens qu’à moitié. C’est alors que nous sentons, d’expérience vraiment vécue, comment l’homme de génie fait rayonner sur son entourage, à travers tous les temps, les bénédictions qu’apporte la magie puissante de sa personnalité. Paroles et musique, tout, dans les passages de ce genre, atteint à des effets dont aucun art antérieur n’a jamais fait pressentir la force incomparable.

Qu’il me suffise ici d’avoir signalé ce point central du drame. Une analyse, destinée à faire sentir comment c’est de là que la vie musicale et dramatique s’épand et déborde dans l’ensemble risquerait d’entraîner à des considérations fort abstraites.

Je n’ai qu’une chose à faire remarquer encore : c’est que si je n’ai parlé que de Hans Sachs seul, je l’ai fait parce qu’en effet il est le centre vivifiant du drame entier. Autour de lui se groupent de nombreux caractères, dont chacun a son individualité propre, distinctement marquée. Et c’est bien ici le cas de citer l’aphorisme de Herder : « Chaque idée pure, qui donne une image parfaite, ajoute à la clarté des idées avoisinantes ». Dans les Maîtres Chanteurs, Hans Sachs est l’image parfaite ; autour de lui se rangent, en une perspective où vont s’agrandissant les distances, les autres figures de l’ensemble ; et l’image centrale ajoute à la clarté des plus lointaines.


II. — L’Anneau du Nibelung


C’est par une citation de Herder que j’ai terminé le chapitre consacré aux Maîtres Chanteurs, et c’est encore lui que je veux citer en commençant l’étude de