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ce n’est pas seulement la division en scènes, extérieure, visible, qui est conservée : mais les trois scènes du premier acte, par exemple, sont intitulées : « Introduction », « ariette », « scène, duo et chœur » : la finale du second acte est intitulée « Scène, duo et trio ». Quelque librement que le maître s’y meuve entre les bornes qu’il vient de planter lui-même, ces titres trahissent, cependant, une certaine gêne. C’est encore par un vieux préjugé d’opéra que les trois actes commencent par un chœur ; après le Vaisseau Fantôme, Wagner n’a presque plus jamais commencé d’acte par un chœur. Mais de bien plus grande signification est, dans le Vaisseau Fantôme, un autre caractère signalé par Wagner lui-même comme une cause d’embarras. Deux qualités sont à la base d’un bon drame : la détermination précise et absolue du sujet, et son exposition complète : il faut, et le voir nettement, et le traiter à fond. Or, Wagner pense que dans le Vaisseau Fantôme, il y a encore « mainte indécision, noyant, souvent encore, l’enchaînement des situations »…, que « tout y est dessiné en contours trop étendus, vagues », etc. Plus d’un trouvera ce jugement bien sévère : en tout cas, le motif principal : la rédemption du pécheur par l’amour d’une vierge, « fidèle jusque dans la mort », ressort avec un indiscutable relief. En revanche, on ne saurait nier que ce motif dramatique si puissant n’y est point épuisé. Le poète ne savait point encore ce qu’il vit plus clairement plus tard : que la coopération de la musique peut « agrandir le souffle poétique jusqu’à une mesure inespérée ». Le Vaisseau Fantôme est bien de