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les plus belles peut-être qui soient sorties de sa plume, en les effeuillant, mais j’y renvoie le lecteur. Il ne me reste qu’à ajouter quelques mots sur la signification de Tannhäuser et de Lohengrin dans l’ensemble du développement du maître.

Peu de temps après avoir terminé Lohengrin, il écrivait : « C’est comme musicien que je suis entré dans la voie qui est la mienne, c’est en vue de la richesse inépuisable de la musique, mon point de départ, que je veux le drame, qui est l’œuvre d’art complète. » Dans un passage sur le Vaisseau Fantôme, que je citais plus haut, il disait au contraire : « J’étais un poète, qui, d’avance, se savait sûr de sa faculté d’expression musicale pour la réalisation de sa conception poétique. » Il n’y a pas à s’y tromper, le musicien et le poète sont une seule et même personne : mais le musicien reste au premier plan, et dans la même lettre, le maître explique pourquoi : « Du moment où, de notre temps, les héros de la musique absolue, c’est-à-dire de la musique isolée de l’art poétique proprement dit, du moment où Beethoven, après eux et avec eux, ont élevé la valeur expressive de cet art (grâce surtout à l’orchestre), à un degré de puissance artistique tout nouveau, autrefois à peine soupçonné, même par Gluck, l’influence de la musique sur le drame devient forcément de première importance, puisqu’elle peut, naturellement, tabler sur le déploiement de sa propre richesse. Donc, le drame lui-même peut et doit s’élargir pour contenir toute l’expression possible, et la tâche de lui découvrir et de mettre en valeur cette faculté du drame, correspondant aux possibilités infinies de l’expression musicale, c’est le musicien seul, qui, selon moi, est capable de la remplir.» Dans ces mots : « Le drame peut el doit s’élargir