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achevée en novembre 1840. Mais dans ce même printemps de 1838, où il jetait les bases de son Rienzi, une lecture accidentelle enflamma aussi son imagination pour ce qui devait être le Vaisseau Fantôme. Il nous dit de cette première rencontre : « Ce sujet me fascina, et s’imprima en moi avec un relief ineffaçable. » Pour un temps, toutefois, l’image du vaisseau fantastique se voila derrière celle de Rienzi. Dans l’été de 1839, Wagner, voguant de Pillau vers Londres sur un petit voilier, fut assailli par une tempête qui força le bateau à jeter l’ancre près de la côte norwégienne : « Et le Hollandais-Volant émergea de nouveau. » Wagner puisa « dans sa propre situation la force d’âme ; dans la tempête, dans les flots soulevés, dans cette côte rocheuse du Nord, dans les scènes du bord, la physionomie et la couleur de l’opéra. » Arrivé à Paris, il offrit au Grand-Opéra un projet du Vaisseau Fantôme, même avant d’avoir terminé Rienzi ; on lui acheta le projet, et on confia à un autre la composition du livret et de la musique ! Bientôt après avoir terminé Rienzi, en mai 1841, le maître écrivit son propre texte et acheva en sept semaines la composition, ou du moins une esquisse complète de celle-ci. J’ai déjà dit, comment les deux œuvres furent représentées à Dresde, dans l’hiver de 1842 à 1843, à quelques semaines de distance, et que ce fut leur très grand succès qui donna lieu à la nomination de Wagner comme maître de la chapelle royale de la capitale saxonne.

Il ne serait, sans doute, pas difficile de suivre pas à pas le développement artistique du poète-musicien, depuis sa pastorale juvénile jusqu’à l’Anneau et à Tristan, n’était que notre esprit porte, comme des lunettes en verre de couleur, ces notions toutes faites,