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PREMIÈRE PARTIE

LA VIE DE WAGNER


Il a fallu à M. Charles-Frédéric Glasenapp, le consciencieux biographe de Richard Wagner, cinq gros volumes pour raconter l’histoire de la vie du maître allemand, sans même en exagérer, le moins du monde, le détail. En effet, peu d’artistes ont eu une existence aussi pleine de vicissitudes ; et, à ce point de vue comme à d’autres, Wagner nous fait penser aux maîtres italiens de la grande époque. Un sang plus chaud que celui des hommes du nord semble avoir couru dans ses veines. De ville en ville, de pays en pays, il a poursuivi la vision qui l’obsédait. Un jour, chef d’orchestre dans quelque troupe de province allemande, le lendemain, près de mourir de faim à Paris ; un jour, fonctionnaire de la cour de Saxe, le jour suivant, proscrit et forcé de fuir à l’étranger ; un jour, trahi par la fortune, au point presque d’appeler à lui la mort des désespérés, tel autre jour, faisant sortir de terre un vrai sanctuaire de l’art, où les rois et les peuples, accourus des pays les plus divers, viennent se désaltérer à la coupe remplie par son génie… Vraiment, la vie de Wagner est elle-même un drame, dont chaque année — chaque scène, pourrait-on dire — présente un intérêt nouveau.

Mais comme, pour atteindre l’objet que je me suis fixé, je ne pouvais, dans ce seul volume, noter tous