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fesseur Weinlig put le congédier après en avoir fait un contrepointiste achevé. Puis,"Wagner se familiarisa, par de nombreux essais personnels, avec la technique proprement dite de la composition. À ces essais, qui n’ont joué dans son développement artistique d’autre rôle que de l’affermir dans l’usage de la « langue musicale », le maître attachait si peu d’importance, qu’ils sont entièrement oubliés et en grande partie perdus. Et cependant, ces prémices d’un jeune homme de dix-huit à dix-neuf ans avaient quelque valeur, car, abstraction faite de la sonate bien connue, que Breitkopf a publiée dès 1831, et de quelques autres bagatelles pour piano, il faut bien remarquer que presque toutes ses compositions orchestrales furent admises à l’exécution, soit au théâtre, soit au « Gewandhaus » ; ainsi, par exemple, en 1830 l’Ouverture en si bémol majeur avec cymbales ; en 1832, l’Ouverture concertante en ré mineur et l’Ouverture en ut majeur avec fugue, de même encore l’Ouverture du Roi Enzio, la Symphonie en ut majeur, une Scène et Ariette, etc.

En 1832, à l’âge précis de dix-neuf ans, Wagner écrivit son premier opéra Les Noces. Cette œuvre ne fut jamais terminée ; le jeune homme la détruisit même, pour se rendre au désir exprimé par sa sœur à qui déplaisait le poème, d’une ardeur trop sensuelle. Et cependant Les Noces ont pour nous un grand intérêt ; un fragment de cet opéra s’étant conservé à Würzbourg, y fut découvert par Wilhelm Tappert, autorité musicale bien connue, il y a quelques années ; grâce à ce fragment, d’une certaine étendue, nous pouvons constater que, dans cette première œuvre scénique, Wagner faisait déjà l’application de phrases musicales caractéristiques, et que, par conséquent, il visait déjà à cette unité de forme qui devait distinguer ses œuvres de l’ « opéra » traditionnel.