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Le rapport entre l’art et la religion est un rapport de mutualité et de réciprocité qui les conditionne l’un par l’autre ; l’art véritable ne saurait naître sans religion, la religion ne peut se révéler sans le secours de l’art. En ce sens, l’art et la religion ne forment qu’un seul organisme. Et c’est seulement de cette forme vivante d’un art profondément religieux, révélation d’une religion véritable, que peuvent sortir le besoin et la force nécessaires à l’accomplissement de la grande régénération. Et de celle-ci doit sortir « l’humanité renouvelée, bienheureuse et artistique de l’avenir » !

Mais quelle forme doit revêtir l’art, pour se montrer digne d’une si haute mission ? Pour qu’il montre à l’homme assoiffé de liberté et de vraie dignité humaine « la direction à suivre », pour qu’il « libère en la rendant sensible » la pensée insaisissable du métaphysicien, pour qu’il « représente la religion sous forme vivante » ? La réponse à cette question, la doctrine artistique de Wagner va nous la donner, en particulier sa doctrine du drame parfait, de cette œuvre d’art « par laquelle peut être communiqué, dans son élévation la plus haute, comme dans sa profondeur la plus grande, tout ce que l’esprit humain est capable de concevoir, et cela, de la manière la plus intelligible ».