prétendue supériorité. Et cependant, en présence des grands progrès que fait le végétérianisme, surtout chez des gens éminemment pratiques tels que les Anglo-Saxons et les Américains, et en considération des ressources physiques exceptionnelles dont les végétariens ont fait preuve, en ces dernières années, dans les concours sportifs, on pourrait peut-être recommander à l’opinion contraire un peu plus « d’objectivité ». La preuve scientifique, jusqu’ici, n’a été faite ni pour, ni contre. En outre, cette preuve n’aurait que bien peu de portée, puisque la question de fond est toute morale, et touche spécialement aux rapports de l’homme avec les animaux. (V. la Lettre de Wagner à E. de Weber).
Sur le terrain philosophique, la pensée de la régénération se meut déjà plus librement.
« C’est la nature, et la nature seule, qui peut dénouer l’écheveau embrouillé de la destinée humaine, car la civilisation, en partant de la foi chrétienne et de la condamnation de la nature humaine, en niant ainsi l’homme, s’est fait par là un ennemuqui doit tôt ou tard l’anéantir, en ce sens que l’homme n’y trouve plus place : car cet ennemi, c’est précisément la nature éternelle et seule vivante, » (L’Art et la Révolution). Cette même pensée, le maître l’écrivait encore, sous forme plus lumineuse, à Heinrich de Stein, quelques jours avant sa mort, le 31 janvier 1883 : « Nous ne saurions partir d’un point trop éloigné de notre soidisant civilisation d’aujourd’hui pour parvenir à une conciliation harmonieuse de l’élément purement humain avec la nature éternelle ». Évidemment, des considérations de cet ordre ne se meuvent point dans le domaine empirique. Ce qui est « purement humain », ce qui est du ressort de la « nature éternelle », ce ne sont peut-être point là des abstractions pures, mais on conviendra,