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croit pouvoir en pénétrer la nature par la méthode historique, de quelque façon, et sous quelque déguisement, même le plus subtil que ce soit ; mais c’est bien là le cas, du moment où il est question d’un « devenir », d’être devenu, ou de tendre à devenir, du moment où « plus tôt » ou « plus tard » peuvent revêtir une signification quelle qu’elle soit, etc. ».

Il faut le dire : tout le contenu de cette troisième section de Art et Religion la doctrine d’une dégénérescence historique de l’humanité et l’espoir d’un salut positif, également historique, par voie de régénération, cette doctrine ne semble guère conciliable avec la doctrine de Schopenhauer. Ce dernier approuve le dogme de la chute édénique, en tant que vérité métaphysique, mais il ajoute, pour prévenir tout malentendu : « quoique seulement comme vérité allégorique » ; ce dogme a, pour lui, la même valeur symbolique que la métempsycose pour les penseurs hindous, car elle aussi donne une expression mythique à une vérité métaphysique ; mais la régénération, pour Schopenhauer, n’est ni plus ni moins qu’un mythe : « Le vrai salut, la rédemption de la vie et de la douleur, est inconcevable en dehors de l’absolue négation de la volonté. » (loc. cit. IV, 470.) Les vues de Wagner sur le régime végétarien et sur l’inégalité originelle des races humaines n’auraient pu davantage trouvé grâce devant Schopenhauer.


V


Une contradiction profonde a-t-elle donc fini par éclater entre Schopenhauer et Wagner ? Ce livre, je l’ai dit, n’est point le lieu propre à l’examen de cette ques-