notion de la « volonté », mais il en a l’intuition ; dans ses écrits de Zurich, il cherche vainement à se comprendre lui-même, et à se faire comprendre, empêtré qu’il est dans les vocables de Feuerbach, « spontanéité» (Unwillkühr), « besoin » (Noth), « défaut d’intention» (Absichtslosigkeit). Mais on peut bien constater l’accord parfait avec Schopenhauer là où il parle de la faculté de produire du génie artistique : « Sans doute, l’artiste ne procède pas tout d’abord par voie immédiate ; il arrange, choisit, se décide : mais là où il arrange et choisit, le fruit de son activité n’est pas encore l’œuvre d’art ; sa méthode, là, est plutôt celle de la science, qui cherche, s’enquiert et erre par le fait seul qu’elle est voulue. Ce n’est que quand le choix est fait et que ce choix était nécessaire et s’est porté sur ce qui est nécessaire, que l’œuvre d’art naît à la vie ; ce n’est qu’alors qu’elle devient quelque chose de réel, quelque chose qui se détermine soi-même, quelque chose d’immédiat. » (L’Œuvre d’art de l’Avenir III, 57.) Voilà ce qu’enseigne Wagner, et maintenant écoutons Schopenhauer : « De ce que le mode de connaissance du génie est, avant tout, celui qui est purifié de tout vouloir et de tout ce qui s’y rapporte, il suit que ses œuvres ne proviennent pas d’un dessein ou d’un caprice, mais qu’en les produisant, le génie obéit à une nécessité instinctive. » (Œuvres complètes lll, 483.)
Mais bien autrement importante encore est la dépréciation de la connaissance abstraite par opposition à la connaissance intuitive. C’est là un thème favori de Wagner, et qui souvent revient sous sa plume. « La philosophie a eu beau faire les plus honnêtes efforts pour épier le secret des rapports dont l’ensemble constitue la nature ; elle n’a réussi qu’à prouver l’impuissance de la connaissance abstraite ». Wagner met