« confusion ». C’est que, trop pressé, il s’est servi du premier schéma qu’il a trouvé sous la main, celui de Feuerbach, et y a pris toute sorte de termes qui ne correspondaient pas à sa propre pensée. Lui-même avait attaché beaucoup moins d’importance à tel terme technique que ses lecteurs ne lui en ont attribué ; il ne voulait que leur communiquer clairement sa manière de penser ; eux, au contraire, n’ont voulu voir que les expressions techniques. À la première source de malentendus que j’ai signalée, vient donc s’en ajouter une seconde, et, surtout pour les écrits de Zurich, combien abondante ! Je doute, d’ailleurs, que cette seconde source se soit jamais tarie. Wagner a dit une fois : « Je ne puis m’exprimer qu’en œuvres d’art » ; et quoiqu’il s’imaginât, en 1856, que Schopenhauer lui avait « fourni des concepts absolument conformes à ses vues », il a dû s’apercevoir très vite que cette conformité n’était point aussi parfaite qu’il l’avait cru d’abord. Si l’emploi du schéma de Feuerbach avait occasionné une première confusion, plus tard celui du « schéma » de Schopenhauer n’a pas laissé de l’égarer de temps à autre.
Ce qu’il importe de préciser, par conséquent, au moins dans ses traits généraux, c’est la position prise par Wagner vis-à-vis de Feuerbach et de Schopenhauer. C’est le seul moyen qui puisse conduire à quelque compréhension de la philosophie de Wagner. Cette tâche se trouve simplifiée par le fait que ce sont les deux seuls noms qui aient ici de l’importance. Je l’ai dit plus haut, Wagner ne s’occupe jamais de philosophie scolastique, au sens général du terme, de doctrine d’école ; d’autres noms, même ceux de Kant ou de Hegel, ne se rencontrent que très rarement sous sa plume, et d’une manière qui ne trahit pas une grande familiarité avec leurs œuvres. Mais la façon