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II

LA PHILOSOPHIE


Son activité d’artiste militant avait conduit Wagner à s’occuper de questions politiques, mais sa tentative de s’y mêler pratiquement avait abouti à une catastrophe, à la suite de laquelle il avait dû passer de longues années dans l’exil. Cette séparation forcée du monde lui procura, du moins, le loisir nécessaire pour méditer sur l’énigme de la vie humaine. Désespérant du présent, il se tourna vers le passé et vers l’avenir. Dans le passé, il croyait reconnaître une époque particulière où l’art avait vraiment été « le moment le plus puissant de la vie humaine », tandis que les temps futurs promettaient à ses aspirations d’artiste « la vie rédemptrice de l’avenir ». Sortir du présent immédiat, c’était entrer dans un monde de pensées nouveau ; l’homme qui, jusque-là, n’a suivi que des projets pratiques, applicables à des données actuelles, trace alors à grands traits une philosophie de l’histoire (L’État et la Révolution). Mais aux enseignements de l’histoire succède logiquement, pour lui, la recherche des principes, car si son regard clair et sûr lui montre l’avenir comme conditionné par le passé, il comprend cependant qu’il ne saurait conclure de l’un à l’autre, et ainsi il se voit obligé d’appuyer son enquête, à l’égard de cet avenir, sur des considérations philosophiques