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I

LA POLITIQUE DE RICHARD WAGNER


I


La doctrine de Wagner ne se trouve pas seulement dans ses écrits : elle est inséparable de sa vie. C’est pourquoi je crois bon, à l’occasion de cette étude de ses idées sur la politique, de revenir aux événements si discutés des années 1848 et 1849. Bien que j’en aie déjà dit un mot dans la première partie, une exposition claire et complète de cet épisode est ici bien en place, et le lecteur ne m’en voudra pas de m’y arrêter encore, en cherchant cette fois à en étudier la genèse et le retentissement dans l’âme même du maître.

En 1842, l’artiste, regagnant sa patrie, s’était agenouillé sur les rives du fleuve allemand et avait juré à son pays une « fidélité éternelle » ; il se souvint toujours de ce serment, et ce vœu le poussa même, en mai 1849, à des actes dont il « reconnut franchement », plus tard, la « précipitation inconsidérée », et qu’il alla même jusqu’à qualifier en partie du moins, de « sottises ». Si toutefois nous nous rappelons que ces sottises avaient pour cause réelle son amour ardent pour sa chère patrie allemande, nous ne pourrons plus les dédaigner, soit comme des détails accessoires, soit comme des erreurs momentanées.

En réalité, l’attitude de Wagner en 1848 et 1849