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VIII rRÉTAOB DE LA VERSION FBANçAISB dence du fait brut. Tombée dans le terrain favorable où elle avait puisé une part de ses aliments, la pensée de l’auteur a germé et fructifié ; elle est devenue aliment à son tour ; elle va se propageant, force vive, de cerveau en cerveau, et chaque jour qui passe témoigne de son action. Action, suivant les avis, bonne ou mauvaise, opportune ou intempestive on ne la juge pas, on la constate. Ce serait donc une erreur que d’imaginer sous ce titre La genèse ~M’-MeMM~MM siècle, quelque arbitraire tissu des rêves ourdis par un songeur isolé, jouant à rebâtir le monde entre les murs de son cabinet. Chamberlain nous révèle un état d’âme dont. beaucoup de ses lecteurs accusaient déjà, les symptômes, et qu’il confirme en imprimant a leurs esprits sa direction. Dans les Discours de combat, Brunetière signale fréquemment à son auditoire le danger K de s’enfermer en soi et dans les frontières de son propre payas. Curieux lui-même de « ce qui se pense et s’écrit hors de France », il déclare <t Nations de l’ancien et du nouveau monde, nous vivons désormais tous en spectacle à tous, et rien d’étranger ne saurait nous être indiSérent. Kant ou Berkeley, Mommsen ou Carlyle, Goethe, Ibsen, Tolstoï, Nietzsche, il prêche d’exemple ; et c’est, entre autres, le Wagner de Chamberlain qui l’aide à étayer sa thèse de la renaissance de l’idéalisme. Quelle attitude eût-il adoptée en découvrant dans cet écrivain qu’il appréciait, qu’il invoquait, un adversaire politique et, pour ainsi parler, l’exact antipode de sa mentalité religieuse

? Nul doute qu’il l’eût combattu énergiquement, mais 

comme il combattait chevaleresquement notant avec plaisir, dans les intervalles de la lutte, une entente au moins partielle sur les points qui les rapprochaient. De ce nombre, et de cette sorte, est leur revendication de l’idée nationale. Quand le nationaliste Brunetière opine « On ne profite que de ce que l’on transforme en sa propre substance ; il ne faut donc pas essayer de nous faire une âme russe ou suédoise, mais des qualités de l’âme suédoise ou de l’âme russe il faut retenir celles qui peuvent servir à l’enrichissement de l’&me