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bourse que de conserver et étendre la liberté de son peuple ».

Injurié par les légitimistes qui, ne l’oubliez pas, le traitaient d’usurpateur, et par les républicains, qui lui reprochaient ses actes dynastiques, ses répressions sanglantes, son ingratitude envers les hommes que son égoïsme avait dupés, Louis-Philippe passait des journées et des nuits agitées. L’avenir ne laissait pas que de l’inquiéter.

Quelquefois, en effet, il devait sentir le poids de sa situation difficile, comprendre sa faiblesse devant les exigences de la révolution et de l’opinion publique. Il l’a reconnu lui-même.

Un jour qu’il se trouvait en dissentiment avec Dupont de l’Eure, son garde des sceaux, il dit à celui-ci :

« Vous me donnez un démenti ? Tout le monde saura que vous m’avez manqué !

— Sire, répondit le garde des sceaux, quand le roi aura dit oui et que Dupont de l’Eure dira non, je ne sais auquel des deux la France croira. »

Le duc d’Orléans, prince royal, les réconcilia. Louis-Philippe embrassa son ministre, qui garda le portefeuille de la justice, mais pour peu de temps, jusqu’au moment où La Fayette, désabusé, renonça au commandement général des gardes nationales.