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manqua d’énergie au fauteuil, lorsque éclata la révolution de février 1848.

Pour Hennequin, il se distingua surtout par son royalisme, et plaida une foule de causes civiles dans lesquelles il s’agissait de séparation de corps. Il tirait volontiers les larmes des yeux de son auditoire, et souvent il abusait des considérations morales.

Qu’on juge de son éloquence sentimentale ! À peine reçu licencié en droit, il avait été appelé sous les armes par la conscription, et incorporé dans un régiment d’artillerie à pied. En 1807, des paysans d’Osnabruck furent traduits devant un conseil de guerre français, pour avoir résisté à une levée de contributions, pour avoir tué plusieurs gendarmes. Hennequin se présenta comme défenseur de ces paysans, et parla avec tant d’émotion et de tact qu’il obtint l’acquittement des accusés.

De retour à Paris, après la paix de Tilsitt, Hennequin conquit promptement au barreau une place hors ligne. Il plaida un jour contre Philippe Dupin, si éloquemment que l’accusé, fripon fieffé, échappa à la condamnation. Un assistant à l’audience composa aussitôt cette épigramme :


Maître Hennequin, vous avez la réplique ;
MaVous parlez d’or, maître Hennequin.