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accusés ont le droit de l’invoquer. Mais vous êtes libre, dans tout l’éclat du triomphe lucratif, objet de votre ambition ; je n’ai rien à faire pour vous. Je n’arriverais pas à vous justifier aux yeux du public : la France est sourde à la justification d’une lâcheté. Il faut subir la honte, quand on a consommé la trahison. D’ailleurs, je ne vois rien pour excuser un crime que je déteste et qui ne vous traîne pas devant d’autres juges que l’opinion publique. Si vous avez compté sur moi comme coreligionnaire, que votre erreur finisse… »

La lettre fit le tour de la presse et valut l’estime de tous à Crémieux, dont j’aurai probablement à parler encore.

Maître Sauzet, peu après, assista le général de Saint-Priest dans l’affaire du Carlo-Alberto, bateau à vapeur qui ramena la duchesse de Berry en France. Il défendit ensuite son confrère Jules Favre, poursuivi par la Cour de Lyon à cause d’un article attaquant la magistrature ; il fit acquitter son client, qui débutait dans la vie politique.

Sauzet, discoureur abondant et fleuri, mais sans principes arrêtés, parfois juste-milieu et parfois doctrinaire résistant, s’est échoué à la présidence de la Chambre des Députés, dans la seconde moitié du règne de Louis-Philippe. Il