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mandat de représentant ; il s’éteignit sans daigner s’occuper de Napoléon III, qui le fit enterrer, par politique, avec les honneurs dus à un « poète national ».

En 1857, le Moniteur universel rendit hommage à celui « dont les œuvres avaient si puissamment contribué à entretenir le culte des sentiments patriotiques en France » ; ajoutons : « à célébrer la légende napoléonienne. » Ce fut aux frais de la liste civile que l’on accomplit les obsèques de Béranger, en exagérant la pompe officielle de la cérémonie, — par crainte de manifestations trop populaires. Ce chansonnier, cet homme modeste eut le convoi d’un maréchal de France. Le gouvernement l’honora à contresens ; mais cette habileté ne trompa personne.

J’ai dit que Guizot, Villemain et Cousin avaient joué un grand rôle pendant la Restauration.

La jeunesse lettrée, suivant leurs cours assidûment, y prenait des leçons de libéralisme, en dépassant parfois les limites que ces professeurs assignaient à leur enseignement. Elle cherchait des allusions dans les phrases les plus modérées de ton et de pensées.

Lorsqu’on s’aperçut, après 1830, que tous les trois reniaient leur passé, qu’ils marchaient avec les hommes qui « avaient filouté la République aux héros de Juillet », suivant l’énergique