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tance la royauté de Juillet telle qu’elle se modifiait, fut le chansonnier Béranger, très populaire, on le sait, à cause de son hostilité perpétuelle, fatale à la Restauration.

Béranger voyait renaître les abus monarchiques. Il avait un peu de sang républicain dans les veines. Vers l’âge de quinze ans, il présidait un club d’enfants dont il était l’orateur patriotique.

L’auteur du Sénateur et du Roi d’Yvetot, ces deux petits bijoux de malice contre les courtisans de l’Empereur, « avait pris goût à la République, depuis qu’il avait vu tant de rois », et ce qui se passa après la chute de Charles X lui retirait une dernière illusion, celle d’applaudir un roi travaillant dans le sens de la Révolution, « même étendant un peu la sphère de Quatre-Vingt-Neuf ».

Ses amis soutenaient le pouvoir nouveau, quoi qu’il fît ; mais Béranger, après avoir échappé, comme il disait, « au danger d’être décoré », parce qu’il craignait « la glu des rois », après avoir déclaré à « ses amis ministres » qu’il n’accepterait rien, donna ironiquement aux Belges le conseil « de faire un roi », dont « partout la matière se trouve », et il se retira du monde politique pour toujours.

En 1848, Béranger ne voulut pas accepter le