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la Pipe et le Cigare, et il écrivit un poème en deux chants, la Syphilis, avec des notes du docteur Giraudeau de Saint-Gervais. Il avait chanté Charles X et l’amour de la France pour son roi légitime, en 1825. L’implacable satirique n’eut plus de lecteurs à partir de 1832 jusqu’à la fin de sa vie.

Auguste Barbier, étonnant par sa verve, et qui électrisa notre jeunesse, renonça à la satire sans renoncer à la poésie ; il vécut doucement, devint académicien, et, par le calme tout bourgeois de ses allures, parut démentir en vieillissant ses premières inspirations, si ardentes, si passionnées.

Que de fois je le rencontrai, soit en visites, soit dans les rues du quartier Latin ! Personne, à sa vue, n’eût pensé que ce fût là Auguste Barbier, dont « le vers rude et grossier, honnête homme au fond », enflamma une partie de la génération de 1830.

S’il se calma, du moins ce ne fut point par suite de corruption. Personne ne conçut de mauvaises pensées à son égard. Il resta « honnête homme », comme son vers.