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Pauvre sœur ! Elle avait l’air d’une morte plutôt que d’une mariée !

Une fois parvenus à la Grande-Chaumière, nous essayâmes d’oublier l’insurrection dont les échos étaient affaiblis par la distance. On se livra aux divertissements et l’on se sentait en proie à une sorte de remords…

Mais enfin chacun se prêta à la circonstance, et certaines accalmies dans le bruit des lointaines décharges d’artillerie nous permirent d’espérer que rien ne troublerait le dîner et le bal !

Vers six heures, nous songeâmes à nous mettre à table.

Déjà le potage était servi, déjà les convives étaient assis, sans attendre le docteur Devilliers, notre médecin et ami, qui tardait à venir, lorsqu’un épouvantable coup de canon fit tressaillir la verrerie et la vaisselle…

Tous se levèrent, émus au plus haut point, se regardant, s’interrogeant, s’imaginant bien, cette fois, qu’on se battait aux environs. Nous étions sans appétit, comme vous le pensez. Nous restions debout.

Un quart d’heure après, le docteur Devilliers apparut.

« C’est terminé ! déclara-t-il, en franchissant le seuil de la salle à manger.

— Mais ce coup de canon !… dit un convive.